Non pas en vie mais dans la vie attentif surtout à me perdre aux cinq horizons du présent J’écris pour tenir entrouverte la porte du poème entrevu Je vis un peu moins bien. Je pleure des plaisirs habillés de sens Le nez au vent, je tourne bride Que vaut ce néant qui frémit ? Vide à demi, moitié vivant, un peu plus homme que poète si près du bord je fais la bête Qui reste-t-il si je perds pied ? |
Passé l’âge d’ouvrir le ventre des abeilles qu’ai-je offert à mes mains sinon les étreintes faciles d’un plaisir divisible par les fractions blanches de la page ? |
Je me raconte ici mais encore à voix basses couvertes comme par un vacarme tacite Même si mes mensonges se mutinent parfois, leurs récits sentent l’air du large Unique maître à bord car j’ai fait prisonniers les négriers de la mémoire voleurs des lunes de mon enfance On croit que je prie : je blasphème À voix basses je maudis toutes les mères les promises les saintes les putains aventurières de l’odyssée, clandestines du vaisseau destin, filles aux milles bouches dont une seule me parla jamais. |
Parce que le jour me devance qu’enfin tout aura été dit je lèche sur mes doigts d’enfance rires bobos et noirs sureaux confitures de paradis |
Qui que tu sois Fille ou Garçon Passant Ami Voleur d’icônes je veux t’offrir cette chanson à jouer sur la corde raide de la guitare que tu sais Prends l’air et jette les paroles si elles te mentent Surtout j’aime tes lèvres autour de la musique Il y a longtemps que je danse charme repu d’amours arides funambule à la corde raide entre les mots de ces couplets dans la parade que tu sais |
Puis vient l’été le beau visage bleu je vais placer une chaise de feuilles devant ma porte verte et me livrer en toute impudeur en pâture aux paysages |
Ici du moins les choses vont de soi La belle demoiselle a les plus beaux atours Les rames de haricots débouchent sur le ciel Les géants et les chats vont bottés des légendes qui arpentent mes nuits Les borgnes – des méchants – dévorent les gentils, par contrariété La profondeur des douves comme des oubliettes fait craindre le seigneur d’un lieu si fantastique C’est ma contrée : entrez compagnons d’épopée La féerie va de soi : je vous adouberai d’un feu de coquelicots |