aux polyamoureux J’aime être étouffé par l’étreinte d’une ville inconnue et par ses labyrinthes quand tout sens de l’orientation vacille et devient incertain Enfant déjà, j’allais vers les fêtes foraines pour leur Palais des glaces et dans les parcs à thèmes me perdre aux dédales de buis Aujourd’hui encore les tracés tortueux comme les pistes fausses me procurent un vertige qui fait battre vite mon cœur pourvu qu’il puisse errer du côté où il veut Et je refuse les fils d’Ariane et je titube cru à raison ou à tort vers les gueules concaves d’aimables minotaures Quant à mes méandres lascifs oui : je préfère au lit les polyamoureux aux amoureux polis. |
invention de l’oubli Les arbres boivent la lumière et l’eau du fleuve leur reflet Avril met les bouchées doubles C’est un bon mois pour t’oublier prendre une distance polie et ne plus me parler de toi Ce printemps invente une langue que je peux comprendre Il s’agit de mettre à mal ma nostalgie Je vais lancer ton souvenir contre le miroir de mes jours Et l’on verra bien qui se brise. |
cœur incomplet On ne se dépêtre pas ainsi en deux temps trois mouvements et quelques tours de clé de tout le cher passé Ce serait trop facile s’il suffisait de dire basta de repeindre les murs de couper les compteurs et de fermer les portes Il faut se lever tôt reprendre à bras-le-corps les pièces du puzzle vider de vieux cartons respirer leur poussière parfois évacuer d’une larme un cil mort dans un battement de paupières – les mains sont occupées – Le cœur n’affiche jamais complet. |
chagrin Tout ce qui s’égrène le cœur d’une grenade les grains de ta beauté les chapelets soufis les grappes de raisins les pois écossés les groseilles les blés dans les greniers la grammaire des sabliers le grésillement des bouliers les engrenages gangrenés la grande Garabagne la grenouille grégaire les granulés de bois la grippe et la migraine les points de suspension les jours et les heures les minutes et les secondes tout ce qui s’égrène me chagrine. |
carnet de doutes À quoi bon des certitudes des carcans et des canevas ? À quoi bon des plans de carrière des almanachs, des échéances des ultimatums sur l’amour des embargos sur nos semblables ? Et si nous construisions mais sans échafaudage Et si nous écrivions dans nos carnets de doutes à l’encre sympathique Et si nous voyagions avec l’instinct du cœur et avec l’intuition pour seules et solaires boussoles ? Où nous allons, demain ne pèse pas plus lourd qu’une haleine d’enfant dans l’œil noir du cyclone. |
cœur incomplet On ne se dépêtre pas ainsi en deux temps trois mouvements et quelques tours de clé de tout le cher passé Ce serait trop facile s’il suffisait de dire basta de repeindre les murs de couper les compteurs et de fermer les portes Il faut se lever tôt reprendre à bras-le-corps les pièces du puzzle vider de vieux cartons respirer leur poussière parfois évacuer d’une larme un cil mort dans un battement de paupières – les mains sont occupées – Le cœur n’affiche jamais complet. |
contre l’abattement Accorde-moi un dernier verre de l’alcool fort de ta jeunesse Après la guerre forcenée et ma défaite accorde-moi la pacification par la caresse fauve de tes épaules et de ton torse offerts Abonde Luttons Bande contre l’abattement qui menace mes jours l’arc blond de ta beauté. |